Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/216

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Ce travail de la pensée chrétienne n’est pas à juger comme une œuvre scientifique. Il ne prétendait pas l’être, et, s’il l’avait voulu, on doit dire que la méthode lui aurait fait totalement défaut. Ce ne fut pas la recherche savante qui en détermina le caractère et qui en fixa les résultats, mais l’instinct de la foi dans des âmes d'ailleurs pénétrées de l’esprit hellénique. Aussi bien l’hellénisation du christianisme ne fut-elle pas préméditée par des philosophes de profession, comme étaient les docteurs de la gnose, ni voulue par des politiques habiles qui auraient eu souci de procurer à l’œuvre de conversion toutes les chances de succès, et qui auraient été préoccupés d’ôter au christianisme les marques de son origine juive, de lui donner une forme grecque, pour le faire pénétrer plus facilement dans le monde païen. La cause du mouvement fut plus intime et, pour ainsi parler, plus profondément nécessitante. Le développement du dogme christologique fut causé par l’état d’esprit et de culture des premiers convertis venus de la gentilité ou ayant subi son influence. Dans la mesure où ils étaient gagnés aux croyances juives, ils étaient préparés à comprendre et à goûter le christianisme