Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/217

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primitif, et c’est ainsi qu’ils s’y attachèrent. Dans la mesure où ils étaient imbus de la culture grecque, ils eurent besoin de s’interpréter à eux-mêmes leur nouvelle foi. Ils le firent d’autant plus promptement et plus volontiers que l’explication s’imposait à qui voulait parler du christianisme aux païens entièrement ignorants du judaïsme. C’est ainsi que progressivement, mais de très bonne heure, par l’effort spontané de la foi pour se définir elle-même, par les exigences naturelles de la propagande, l’interprétation grecque du messianisme chrétien se fît jour, et que le Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, Sauveur prédestiné, devint le Verbe fait chair, le révélateur de Dieu à l’humanité.

Tout le développement du dogme christologique, jusqu’à la fin du IIIe siècle, résulte de cette double impulsion, qui en active la marche. Il est modéré et contenu par le principe de tradition qui l’oblige à se tenir toujours dans un rapport étroit avec son point de départ, l’idée monothéiste et l’humanité réelle, le personnage historique de Jésus. Le monothéisme israélite était une doctrine religieuse et morale bien plus que philosophique : on y adapte la métaphysique de Platon