Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/219

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pas conscience, des emprunts que le christianisme a faits avant eux, qu’il fait même encore par eux à la sagesse hellénique. L’orthodoxie se nourrit de Platon, de Philon, d’Origène, et elle condamne plus ou moins ces autorités, où elle ne puise pas toujours directement. Le principe de tradition, qui est un principe religieux, moral et social, un principe de gouvernement plutôt qu’un principe de science, l’emporte en général, et toujours dans les moments décisifs, sur le principe de libre spéculation qui est celui de la philosophie. Il est donc permis de dire que la théologie chrétienne s’est livrée à un travail de sélection sur la philosophie grecque. Mais s’il est vrai, en un sens, qu’elle l’a absorbée, puisqu’elle a pris sa place, après s’être assimilé une bonne partie de ses éléments, il est certain que la tradition du christianisme primitif n’a pas été échangée contre la philosophie, ni la science grecque substituée à l’Evangile, ni Platon pris pour maître au lieu du Christ et des apôtres. On peut soutenir, au point de vue de l’histoire que la Trinité, l’Incarnation sont des dogmes grecs, puisqu’ils sont inconnus au judaïsme et au judéo-christianisme, et que la philosophie