Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/238

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dans l’ordre de la doctrine, aussi bien que dans l’ordre de l’organisation ecclésiastique et du culte, serait une vaste aberration. Mais, outre que l’Evangile n’est pas tout entier dans une telle foi, il serait absurde de supposer que l’énoncé de celle-ci aurait pu demeurer invariable et qu’il pourrait le devenir, si l’on jugeait à propos de s’en contenter. Au cas où l’attention des premiers fidèles n’eût pas été tournée vers le Fils de Dieu, elle se serait dirigée vers le Père lui-même, s’occupant de sa nature et de ses rapports avec le monde, ce qui ramenait la spéculation vers la cosmologie. Elle se serait appliquée à cette paternité, qui avait sa signification essentielle par rapport aux hommes, et elle aurait cherché à en définir les manifestations historiques, ou bien l’action secrète dans chaque âme croyante, ce qui conduisait encore à la christologie et à l’économie de la grâce divine. Elle aurait été tôt ou tard induite à envisager les conditions normales de l’évangélisation, ce qui posait le problème de l’ecclésiologie. Le développement doctrinal chrétien était fatal, donc légitime en principe ; dans l’ensemble, il a servi la cause de l’Evangile, qui ne pouvait subsister en essence pure, et qui, traduit