Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/239

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perpétuellement en doctrines vivantes, a vécu lui-même dans ces doctrines, ce qui rend le développement légitime en fait [1].

On dit volontiers que l’Église catholique ne reconnaît pas même l’existence de ce développement et qu’elle en condamne jusqu’à l’idée. Peut-être serait-il plus vrai de dire qu’elle n’en a pas pris conscience et qu’elle n’a pas de théorie officielle touchant la philosophie de sa propre histoire. Ce que Vincent de Lérins, les théologiens modernes (sauf le cardinal Newman) et le concile du Vatican enseignent touchant le développement

  1. « Le long travail, qui commence déjà avec saint Paul, pour trouver une expression réfléchie à la vérité nouvelle du christianisme, en empruntant les formes de la pensée grecque ; la méticuleuse poursuite de la clarté et du système, dans la philosophie scolastique ; la conscience croissante de l’insuffisance des résultats ainsi obtenus ; le nouvel effort de la pensée moderne pour recréer sa logique et sa métaphysique, et refondre par ce moyen sa morale et sa théologie ; tout cela n’a pas été un gaspillage de forces en dehors du droit chemin et pour y revenir. Chaque étape de ce long voyage était indispensable au résultat, et survit dans le résultat comme un élément nécessaire. Et si l’humanité n’avait pas passé à travers cette expérience, il faudrait qu’elle la recommençât ou en fît une semblable. » E. CAIRD, art. cit. p. 10.