Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/249

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cette thèse aurait été fort mal construite et développée. Mais comme l’Évangile était une religion vivante, l’œuvre théologique des siècles chrétiens atteste que cette religion a réellement vécu : mouvement infiniment puissant dont ceux qu’il portait et qui le portaient n’avaient qu’une conscience partielle, et dont ceux qui aujourd’hui essaient de l’analyser sont incapables de pénétrer toute la profondeur. Combien il est vain, parce que l’efflorescence doctrinale de cette grande vie apparaît comme fanée, de proclamer la fin des dogmes et de s’imaginer que la fécondité de la pensée chrétienne est définitivement épuisée, que le vieil arbre ne pourra pas rajeunir sa parure pour une époque nouvelle, comme pour un nouveau printemps !

Dès que l’on croit à l’Évangile, il est impossible qu’on ne pense pas ce que l’on croit, qu’on ne travaille pas sur cette pensée, et qu’on ne produise la théologie de sa foi. Il est pareillement impossible que l’on garde cette foi sans la transmettre, car elle demande à être communiquée, étant espérance et charité universelles ; et elle ne peut être communiquée sans un enseignement donné, sans un dogme régulièrement