Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/292

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de la foi, est tout aussi « naturelle » comme parole que les sacrements le sont comme signe, et elle n’en est pas moins le véhicule d’un bien surnaturel.

L’idée que les théologiens protestants se font volontiers du culte en esprit n’est pas plus rationnelle qu’évangélique. Il est impossible de réunir les hommes dans un culte purement intérieur, et l’on essaierait vainement d’imposer un tel culte à l’être humain, qu’on ne peut dépouiller de sa condition physique,/ et qui ne peut être pensant sans être entendant et parlant. Sa vie religieuse ne peut pas davantage être indépendante de tout élément sensible, qui l’aide à prendre conscience d’elle-même, à se définir et à s’affirmer. Jésus le premier a donné à ses disciples une formule de prières ; il a observé les pratiques du culte juif ; il n’a jamais recommandé aux siens un culte sans pratiques extérieures ; il n’a jamais eu l’intention d’instituer un tel culte. La parole du Christ johannique sur le culte « en esprit et en vérité [1] » n’oppose pas un culte purement intérieur à un culte extérieur ;

  1. JEAN, IV, 23-24.