Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/293

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mais le culte qu’on peut dire inspiré, spiritualisé, le culte chrétien que connaît l’évangéliste et qui est animé par l’esprit donné aux croyants, culte qui peut s’accomplir en tout lieu, est substitué au culte localisé à Jérusalem ou sur le mont Garizim.

C’est le même évangéliste qui a donné la formule du culte en esprit et la formule de l’incarnation ; les deux se correspondent ; Dieu est esprit, ainsi que son Verbe ; le vrai culte est spirituel, puisqu’il se fonde sur la communication de l’esprit divin ; mais comme Dieu esprit se manifeste dans le Verbe incarné, la vie de l’esprit se communique et s’entretient par les sacrements spirituels, l’eau du baptême, le pain et le vin eucharistiques. Le système johannique est d’une parfaite unité ; ni le discours à Nicodème ni l’instruction sur le pain de vie ne contredisent la déclaration faite à la Samaritaine, et le tout s’accorde avec l’idée de l’incarnation, du divin se manifestant dans l’humain, du spirituel agissant dans le sensible, de la réalité éternelle se figurant et se communiquant dans le symbole terrestre. Le culte catholique ne fait qu’appliquer la théorie johannique, et cette théorie a défini le fait évangélique.