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BELLIOU-LA-FUMÉE

merce et ce sont eux qui ont lancé le premier méchant petit bateau à vapeur sur le Koyokuk.

— Je ne suis pas d’avis que nous essayions de les dépasser, déclara la Fumée. Nous sommes en tête de la ruée, et il n’y a que nous quatre. »

Le Courtaud était dans les mêmes dispositions, et une heure se passa en silence à arpenter régulièrement le terrain. À 7 heures, l’obscurité fut rompue par un dernier déploiement de l’aurore boréale, qui leur permit d’apercevoir à l’Ouest une large déchirure entre les montagnes couvertes de neige.

« La rivière de la Squaw ! s’écria Joy.

— On n’a pas flâné ! dit le Courtaud, exultant. D’après mes calculs, nous ne devions pas y être avant une demi-heure au moins. J’ai dû allonger les jambes. »

À cet endroit, la piste de Dyea, obstruée par un tassement de glaçons, tournait court à travers le Yukon vers la rive orientale. Ils durent abandonner cette sente fréquentée et bien tassée, franchir les glaçons amoncelés, et prendre une autre piste qui vaguait imprécise et à peine durcie sur la rive Ouest.

Louis Gastell marchait en tête : soudain il glissa dans l’obscurité sur la glace raboteuse. Ils le virent s’asseoir, se tenant la cheville à deux mains. Il fit des efforts pour se remettre sur pied et continuer sa route, mais il n’avançait plus que lentement et boitait ostensiblement. Au bout de quelques minutes, il s’arrêta net.

« C’est inutile, dit-il à sa fille. Je me suis donné une entorse. Va devant et jalonne pour moi comme pour toi.

— Pouvons-nous vous aider de quelque façon ? » demanda la Fumée.