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BELLIOU-LA-FUMÉE

L’ardeur du foyer lui permit d’ôter ses moufles et de se manipuler les pieds elle-même. Elle le fit avec la prudence d’une initiée, en ayant soin de n’absorber la chaleur que graduellement. Pendant ce temps la Fumée dut s’occuper de ses propres mains, les frottant avec cette neige cristallisée, sèche et dure comme du sable fin. Peu à peu il ressentit dans la chair engourdie les piqûres et les élancements de la circulation ! Il s’empressa alors d’alimenter le feu, puis il déboucla le léger sac qu’elle portait sur le dos et en tira des bas, chaussettes et mocassins de rechange.

Cependant le Courtaud revenait en suivant le lit de la rivière et grimpait près d’eux sur le talus.

« J’ai jalonné mes trois cent trente mètres, proclama-t-il, numéros vingt-sept et vingt-huit. Mais je venais à peine de poser le jalon supérieur de vingt-sept, quand j’ai rencontré le premier type de la bande qui nous suivait. Il prétendait m’empêcher de jalonner le numéro vingt-huit ; et je lui ai dit…

— Oh, oui ! cria Joy. Qu’avez-vous bien pu lui dire ?

— Eh Bien ! je lui ai dit carrément que s’il ne reculait pas de cent soixante mètres, j’écraserais son nez gelé comme une glace à la groseille ou un éclair au chocolat. Il a cédé, et j’ai posé les pieux centraux de deux bons et honnêtes lots de rivière de cent soixante-cinq mètres chacun. Il en a jalonné un autre à la suite, et je crois bien qu’en ce moment la bande a délimité tout le ruisseau de la Squaw jusqu’à sa source, aussi bien que de l’autre côté. Notre lot est en sûreté. Il fait trop noir pour y voir maintenant, mais demain matin nous pourrons poser les jalons latéraux. »