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BELLIOU-LA-FUMÉE

plaça ses jetons au voisinage des numéros 3, 11, 17, et lança un jeton de réserve sur le vert.

« Pour sûr, l’enfer est bondé de gens qui ont joué des systèmes », déclara-t-il, au moment où le croupier balayait la table.

La Fumée, qui avait d’abord observé le jeu d’un air désœuvré, semblait maintenant fasciné, et en suivait attentivement tous les détails, depuis le lancer de la bille jusqu’à la mise au paiement des enjeux. Cependant il ne jouait pas, mais se contentait de regarder. Et il s’intéressait à tel point que le Courtaud, après avoir annoncé qu’il en avait assez, eut peine à l’arracher de la table.

Le croupier rendit au Courtaud le sachet de poudre d’or qu’il avait déposé comme caution, avec un bout de papier sur lequel était griffonnée cette note : « À prendre : 350 dollars. » Le Courtaud porta le tout au peseur d’or assis à l’autre bout de la salle, derrière sa balance. L’homme retira du sac la quantité indiquée et la versa dans le coffre de la maison.

« Ta bosse était encore destinée à enfler une de ces mâtines de statistiques, railla la Fumée.

— Il me fallait bien jouer pour le savoir, n’est-ce pas ? répliqua le Courtaud. Mais je crois que j’y ai donné le coup de pouce un peu fort pour essayer de te convaincre de l’existence des bosses.

— Ne t’en fais pas, le Courtaud, dit la Fumée en riant. Je sens une bosse juste en ce moment.

— Qu’est-ce que c’est ? Dépêche-toi et joue-la pronto s’bito.

— Non, ce n’est pas le même genre de bosse, le Courtaud. La mienne me dit qu’un de ces jours je vais élaborer un système qui raflera toute la poudre d’or de dessus cette table-là.