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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/120

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BELLIOU-LA-FUMÉE

« Vas-y, vas-y donc ! le pressait-il. Finissons-en avec cette cérémonie funèbre. Qu’est-ce qui te retient ? As-tu la frousse ? »

La Fumée secoua la tête et attendit. Il laissa passer une douzaine de coups, puis soudain plaça dix jetons d’un dollar sur le 26. Le numéro gagna, et le croupier paya à la Fumée trois cent cinquante dollars. Une douzaine de coups passèrent encore, puis vingt, puis trente, et enfin la Fumée mit dix dollars sur le 32. Cette fois encore il reçut trois cent cinquante dollars.

« C’est une bosse ! murmura le Courtaud dans le tuyau de l’oreille. Chevauche-la jusqu’au bout ! Tiens bon ! »

Une demi-heure s’écoula, pendant laquelle la Fumée demeura inactif, puis il mit dix dollars sur le 34 et gagna.

« Une vraie bosse ! lui murmura le Courtaud.

— Pas du tout ! répondit la Fumée sur le même ton. C’est ma martingale : n’est-ce pas qu’elle est coquette ?

— Ce n’est pas à moi qu’il faut en conter de pareilles, soutint le Courtaud. Les bosses viennent quelquefois de singulière façon. On pourrait croire que c’est un système, mais ce n’en est pas un. Les systèmes sont impossibles. Pour sûr, c’est une bosse que tu joues. »

À ce moment, la Fumée modifia son jeu. Il pontait plus souvent un seul jeton à la fois sur les numéros les plus divers, et perdait plus fréquemment qu’il ne gagnait.

« Abandonne ! conseillait le Courtaud. Règle ton compte. Tu as fait trois fois rigodon et tu as dépassé le mille. Ça ne peut pas toujours durer. »