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BELLIOU-LA-FUMÉE

Au même instant, la bille commençait à tourbillonner, et la Fumée laissa tomber dix jetons sur le 26. La bille tomba dans l’échancrure du 26 et le croupier lui compta encore trois cent cinquante dollars.

« Si tu es tout à fait piqué et que tu possèdes l’inépuisable filon, risque le maximum, dit le Courtaud. Mets-en vingt-cinq au prochain coup. »

Pendant un quart d’heure, la Fumée gagna et perdit, au hasard, de faibles enjeux. Puis, avec la soudaineté qui caractérisait ses grosses parties, il mit vingt-cinq dollars sur le double-zéro, et le croupier lui paya huit cent soixante-quinze dollars.

« Réveille-moi, la Fumée ; je rêve ! » gémit le Courtaud.

La Fumée sourit, tira son carnet de sa poche et s’absorba dans des calculs. À chaque instant il le consultait, et de temps à autre y inscrivait des chiffres.

Une cohue se pressait autour de la table, et les joueurs s’efforçaient de miser sur les mêmes numéros que lui. Alors il modifia son jeu. Dix fois de suite il plaça dix dollars sur le 18 et perdit, si bien que les plus hardis finirent par l’abandonner. Tout à coup il changea de numéro et gagna encore trois cent cinquante dollars. Immédiatement les joueurs lui revinrent, mais ils le laissèrent de nouveau à la suite d’une autre série de pertes.

« Quitte le jeu, la Fumée ! conseilla le Courtaud. La plus longue série de bosses a une limite, et tu es au bout de ta chaîne. Plus de rigodons à faire pour toi !

— Je veux mettre encore une fois dans le mille avant d’encaisser », dit la Fumée.

Pendant quelques minutes il éparpilla ses jetons sur la table avec des chances diverses, puis laissa tomber vingt-cinq dollars sur le double-zéro.