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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/151

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BELLIOU-LA-FUMÉE

IV

Depuis trois heures il faisait nuit lorsque le mort, la Fumée et son escorte arrivèrent aux Deux-Cabanes. À la lueur des étoiles, le prisonnier put distinguer une douzaine au moins de cabanes de rondins récemment bâties, blotties autour d’une construction plus ancienne et plus grande, sur un terrain plat, près de la rive. On le jeta dans cette antique hutte : il la trouva occupée par un jeune géant, sa femme et un vieillard aveugle. La femme, que son mari appelait Lucie, était elle-même une forte gaillarde du type de la frontière. La Fumée sut par la suite que le vieillard avait vécu de nombreuses années comme trappeur sur la Stewart, et qu’il avait perdu la vue l’hiver précédent.

Il devait apprendre aussi que ce campement des Deux-Cabanes avait été établi l’automne précédent par une douzaine d’hommes arrivés là dans six bachots menés à la gaffe et chargés de provisions. Ils avaient construit leurs cabanes autour de celle du vieux trappeur. Puis d’autres chercheurs d’or, venus sur la glace avec leurs attelages de chiens, avaient triplé la population. Le gros gibier abondait dans le pays, et on y avait découvert un gisement de boue contenant de l’or en quantité suffisamment rémunératrice, qu’on exploitait.

Au bout de cinq minutes, tous les hommes des Deux-Cabanes se pressaient dans la chambre. La Fumée, jeté dans un coin, les mains et les pieds attachés avec des courroies de peau d’élan, regardait ces gens qui