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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/153

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BELLIOU-LA-FUMÉE

V

La Fumée s’éveilla. Il était couché sur le flanc, face au mur, et un courant d’air, rigide comme un glaçon, lui vrillait le devant de l’épaule. Quand il avait été lié sur le châssis ce souffle n’existait pas. Maintenant l’air extérieur, fusant dans l’atmosphère chaude de la cabane avec une pression de quarante-cinq degrés au-dessous de zéro, l’avertissait suffisamment que quelqu’un, du dehors, avait retiré le calfeutrage de mousse inséré entre les rondins. Il se redressa autant que ses liens le lui permettaient, et tendit le cou jusqu’à ce que ses lèvres fussent à la hauteur de la fente.

« Qui est là ? murmura-t-il.

— Breck, fut la réponse. Prenez garde, ne faites pas de bruit. Je vais vous passer un couteau.

— Inutile, dit la Fumée. Je serais incapable de m’en servir. Mes mains sont attachées derrière mon dos et fixées au pied du châlit. En outre, vous ne pourriez introduire un couteau par cette fente. Cependant il faut faire quelque chose. Ces types-là sont d’humeur à me pendre, et, naturellement, vous savez que ce n’est pas moi qui ai tué cet homme.

— Il n’était pas nécessaire de me le dire, la Fumée. Et si vous l’aviez fait, c’est que vous auriez eu des raisons. Là n’est pas du tout la question. Je veux vous tirer de ce mauvais pas. Les hommes d’ici sont une rude bande. Vous les avez vus. Isolés du monde, ils font et appliquent leur propre loi, en assemblée de