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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/154

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BELLIOU-LA-FUMÉE

mineurs, vous savez comment. Ils ont réglé déjà leur compte à deux hommes, deux voleurs de victuailles. Ils en ont chassé un du campement sans une once de nourriture et sans allumettes. Le pauvre diable a fait soixante-cinq kilomètres et vécu un jour ou deux avant d’être gelé. Le second, ils l’ont chassé voilà deux semaines. Ils lui ont donné le choix : partir sans victuailles ou recevoir dix coups de lanière pour chaque ration d’un jour. Il a supporté quarante coups avant de s’évanouir. Et maintenant ils vous tiennent, et tous sont convaincus que c’est vous qui avez tué Kinade.

— L’homme qui a tué Kinade a tiré sur moi aussi. Sa balle m’a éraflé l’épaule. Tâchez de faire retarder le jugement pendant que quelqu’un ira fouiller la rive où se cache l’assassin.

— Inutile. Ils s’en tiendront au témoignage de Harding et des cinq Français qui étaient avec lui. En outre, ils n’ont encore pendu personne, et c’est une partie de plaisir pour eux.

« Voyez-vous, la vie est assez monotone ici. Ils n’ont pas découvert le bon filon, et ils sont fatigués de chercher le lac Surprise. Ils ont fait quelques ruées au commencement de l’hiver, mais le goût leur en a passé maintenant. Le scorbut commence à faire son apparition et ils sont mûrs pour n’importe quel stimulant.

— Et il semble bien que je suis destiné à leur en servir un, commenta la Fumée. Dites-moi, Breck, comment diable êtes-vous tombé avec de pareilles canailles ?

— Après avoir ouvert mes concessions à la rivière de la Squaw et mis quelques ouvriers à travailler, je suis venu ici par la Stewart, à la recherche des Deux-Cabanes. Ils y étaient avant moi, aussi j’ai voulu re-