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BELLIOU-LA-FUMÉE

— Ça c’est trop mince pour patiner, jeune homme. Nous ne sommes pas nombreux sur la Mac-Question ; mais nous pouvons nous rendre compte de chaque individu existant dans ces parages.

— Qui était celui que vous avez expulsé du campement voilà deux semaines ? demanda la Fumée.

— Alonzo Miramar. C’était un Mexicain. Qu’est-ce que ce voleur de victuailles vient faire là-dedans ?

— Rien ; seulement vous n’avez pas tenu compte de celui-là, monsieur le Juge.

— Il a descendu la rivière, il ne l’a pas remontée.

— Comment le savez-vous ?

— Nous l’avons vu partir.

— Et c’est tout ce que vous connaissez de sa destinée ?

— Non, jeune homme. Je sais, et nous savons tous, qu’il avait quatre jours de vivres et pas d’armes pour abattre du gibier. S’il n’a pas atteint la colonie sur le Yukon, il doit y avoir belle lurette qu’il a cassé sa pipe.

— Je suppose que vous tenez compte aussi de tous les fusils qui existent dans ces parages ? » demanda finement la Fumée.

Shunk Wilson se mit en colère.

« On dirait que c’est moi le prisonnier, à vous entendre m’accabler de questions. Passons au témoin suivant. Où est Louis le Français ? »

Pendant que Louis le Français se poussait en avant, Lucie ouvrit la porte.

« Où allez-vous ? cria Shunk Wilson.

— Je ne vois pas l’utilité pour moi de rester là, répondit-elle d’un air de défi. On ne m’a pas donné le droit de vote, et puis ma cabane est bondée à tel point que je ne peux seulement pas y respirer. »