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BELLIOU-LA-FUMÉE

— L’or ne venait pas de là, dit Breck. Ce n’est qu’une entreprise hydraulique à faible rendement.

— Allez chercher votre pochette et montrez-nous votre poudre, ordonna Wilson.

— Je vous dis qu’elle ne vient pas de là.

— Faites-nous-la voir tout de même. »

Breck fit mine de refuser, mais il était entouré de visages menaçants. Comme à regret, il fouilla dans sa poche. Comme il en retirait la boîte à poivre, elle sonna contre un objet évidemment dur.

« Sortez tout ce que vous avez là ! » tonna Shunk Wilson.

Et à tous les yeux apparut l’énorme lingot, d’un or jaune comme aucun n’en avait encore vu. Shunk Wilson resta bouche bée. Une demi-douzaine de gens, sitôt le premier coup d’œil jeté, se précipitèrent vers la porte ; ils l’atteignirent au même moment, et, avec force ruades et blasphèmes, s’y pressèrent et pivotèrent dehors. Le juge vida le contenu de la boîte à poivre sur la table, et la vue des pépites d’or brut en chassa encore une demi-douzaine.

« Où allez-vous ? demanda Eli Harding à Shunk qui se disposait à les suivre.

— Chercher mes chiens, parbleu !

— Vous ne pendez pas le bonhomme d’abord ?

— Ça prendrait trop de temps en ce moment. Il attendra notre retour. Ce n’est pas le moment de s’endormir. »

Harding hésitait. Il lança un regard farouche à la Fumée, vit Pierre qui, de la porte, faisait signe à Louis, jeta un dernier coup d’œil au morceau d’or resté sur la table, et se décida.

« Inutile d’essayer de te sauver, cria-t-il à la Fumée. D’ailleurs, je vais emprunter ton attelage. »