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BELLIOU-LA-FUMÉE

Les cris des hommes, les abois des chiens et le grincement des traîneaux troublaient le silence de la pièce.

« Que se passe-t-il ? Encore une de ces maudites ruées ? » demanda le vieux trappeur aveugle, d’une voix de fausset étrange et pétulante.

« Pour sûr, répondit Lucie. Et je n’ai jamais vu d’or pareil. Touchez cela, vieux ! »

Elle lui mit le lingot dans la main. La chose ne parut l’intéresser que médiocrement.

« C’était un bon pays pour la fourrure, grommela-t-il, avant que ces coquins de mineurs fussent venus effrayer le gibier. »

La porte s’ouvrit et Breck entra.

« Eh bien ! dit-il, il ne reste plus que nous quatre au campement. Il y a soixante-cinq kilomètres d’ici à la Stewart par la traverse que j’ai foulée, et le plus diligent de la bande ne pourra faire l’aller et retour en moins de cinq ou six jours. Mais quand même, il est temps pour vous de déguerpir, la Fumée.

— Si on va tirer des coups de feu, glapit l’aveugle, je voudrais bien que quelqu’un m’emmenât d’abord dans une autre cabane. »

Breck sortit son couteau de chasse et entama les liens de son ami, puis il regarda la femme :

« J’espère que vous n’y voyez pas d’inconvénient ? demanda-t-il avec une politesse significative.

— Allez-y et ne vous inquiétez pas de moi, répondit Lucie à Breck. Si je ne suis pas capable de faire pendre un homme, je ne suis pas bonne non plus pour le garder. »

La Fumée se leva et se frotta les poignets à l’endroit où les liens avaient entravé la circulation.

« J’ai un paquet tout prêt pour vous, fit Breck. Dix