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BELLIOU-LA-FUMÉE

La Fumée hocha la tête.

« Tu as raison, le Courtaud. Je ne dois pas courir ce risque-là.

Et rappelle-toi bien, ajouta le Courtaud, que c’est moi qui dois mener le diable et son train pendant les seize premiers kilomètres : toi, tu n’auras qu’à prendre tes aises autant que possible. Je te trimbalerai toujours bien jusqu’au Yukon. Après ça, c’est ton affaire et celle des chiens. Dis donc ! tu ne pourrais pas me dire quel est le plan de Schrœder ? Son premier attelage est stationné à quatre cents mètres en descendant la rivière, et il le reconnaîtra à sa lanterne verte. Mais nous lui faisons le poil. Je parie à tout coup pour la lumière rouge. »

IV

Après une journée claire et froide, un banc de nuages venait de barrer le ciel, et la nuit tomba lourde et sombre, sous la menace d’une chute de neige abondante.

Quelques minutes avant minuit, la Fumée, laissant le Courtaud avec l’attelage à cinq cents mètres en aval sur la rivière, rejoignit les autres coureurs sur la concession numéro trois. Ils étaient quarante-cinq à attendre le départ, avides de gagner les mille milliers de dollars que Cyrus Johnson avait abandonnés dans le gravier gelé. Chaque homme portait six jalons et un gros maillet de bois, et tous étaient vêtus de parkas de gros coutil en forme de blouse.

Le lieutenant Pollock, emmitouflé d’une belle peau