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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/177

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BELLIOU-LA-FUMÉE

d’ours, regarda sa montre à la lueur d’un feu. Il était minuit moins une minute.

« Préparez-vous ! » cria-t-il en élevant son revolver de la main droite, tandis qu’il observait la course circulaire de la petite aiguille.

Quarante-cinq capuchons furent rejetés en arrière, quarante-cinq paires de mains furent dégantées et quarante-cinq paires de mocassins pressèrent fortement la neige foulée. En même temps, quarante-cinq jalons étaient piqués dans la neige et un nombre égal de maillets se soulevaient.

Le coup partit et les maillets tombèrent. Les droits de Cyrus Johnson à un million de dollars venaient d’expirer. Dans le but d’éviter la confusion, le lieutenant Pollock avait insisté pour que le piquet de centre inférieur fût planté le premier, puis celui du Sud-Est, et ainsi de suite en faisant le tour des quatre côtés, y compris le piquet de centre supérieur en route.

La Fumée enfonça son jalon et partit dans les douze premiers. Des feux avaient été allumés aux coins, et près de chaque foyer un agent de police, liste en main, effaçait les noms des hommes. Chacun devait crier son nom et montrer sa figure. Il était donc impossible de jalonner par procuration, pendant que le vrai coureur serait déjà en route.

Au premier coin, von Schrœder planta son piquet à côté de la Fumée. Les deux maillets s’abattirent au même instant. Pendant qu’ils frappaient, d’autres concurrents arrivèrent derrière eux avec une telle impétuosité qu’il se produisit une bousculade générale. La Fumée se glissa hors de la cohue et lança son nom à l’homme de police. Il vit le baron, heurté par l’un des survenants, perdre pied et s’étaler de tout son long dans la neige. Mais il ne s’attarda pas. Il y en