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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/178

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BELLIOU-LA-FUMÉE

avait d’autres devant lui. À l’incertaine lueur du foyer déjà lointain, il crut bien apercevoir le dos massif du gros Olaf, et, en effet, au coin Sud-Ouest, tous deux fixèrent leurs jalons côte à côte.

Ce n’était pas un jeu d’enfants que cette course préliminaire d’obstacles. Les frontières de la concession formaient une longueur totale de seize cents mètres, dont la plus grande partie s’étendait sur la surface inégale d’un terrain plat, mais moutonné de cailloux ronds couverts de neige. Tout autour de la Fumée des hommes trébuchaient et tombaient, et lui-même, à plusieurs reprises, s’abattit violemment sur les mains et les genoux. Une fois, le gros Olaf s’étala juste devant lui, si près que lui-même culbuta pardessus. Le piquet du centre supérieur fut enfoncé au bord du talus de la rive, puis les coureurs dégringolèrent celle-ci, traversèrent le lit gelé de la rivière, et remontèrent de l’autre côté. Pendant que la Fumée grimpait le talus, une main s’agrippa à sa cheville et le tira violemment en arrière. À la lueur vacillante d’un feu lointain, il lui fut impossible de voir qui lui avait joué ce tour. Arizona Bill, qui venait de subir un traitement analogue, se redressa sur ses pieds et lança un magistral coup de poing sur la figure de son assaillant. La Fumée vit et entendit le coup en essayant de reprendre son équilibre, mais avant d’avoir pu faire un nouvel effort pour grimper la pente, il reçut lui-même un direct qui l’étendit à moitié étourdi dans la neige. Il se releva en chancelant, et, reconnaissant l’homme qui l’avait frappé, esquissa un crochet vers sa mâchoire ; mais, se souvenant de la recommandation du Courtaud, il se contint. Un instant après il tombait encore une fois, fauché au-dessous des genoux par un corps qui déboulait.