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BELLIOU-LA-FUMÉE

gressa plus rapidement. Au bord de l’étroit sentier, dans des relais où la neige avait été foulée, des traîneaux et des hommes attendaient les coureurs. Il entendit derrière lui des jappements et un bruit de chiens au galop, et eut à peine le temps de bondir de côté dans la neige épaisse : un traîneau passa à toute vitesse, et il distingua l’homme, agenouillé, criant comme un fou. À peine l’attelage était-il passé qu’il s’arrêta net dans un fracas de bataille. Les chiens d’un traîneau garé, excités et irrités par l’approche de leurs congénères, s’étaient lancés sur eux en dépit des efforts de leurs gardiens.

La Fumée, plongeant dans la neige, contourna et dépassa l’obstacle. Il aperçut la lanterne verte de von Schrœder, et, un peu plus bas, le rayon rouge qui indiquait son propre attelage. Deux hommes surveillaient les chiens de Schrœder et interposaient leurs gourdins courts entre eux et la piste.

Il entendit l’appel anxieux du Courtaud :

« Arrive, la Fumée ! arrive donc !

— Me voilà », cria-t-il, hors d’haleine.

La lueur rouge lui permit d’entrevoir la neige bouleversée et foulée aux pieds, et, à la manière de souffler de son partenaire, il comprit qu’il y avait eu bataille. Il tituba vers le traîneau et s’affaissa dessus. Immédiatement le Courtaud fit claquer son fouet en hurlant :

« Hue, démons ! hue donc ! »

Les chiens tendirent leurs harnais d’un bond, et le traîneau s’élança en avant. C’étaient d’énormes bêtes de la baie d’Hudson, constituant l’attelage primé d’Hanson, et la Fumée les avait choisis pour le premier relais, comprenant les seize kilomètres de la Mono, le pénible raccourci de l’estuaire au confluant,