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BELLIOU-LA-FUMÉE

Kit laissa tomber la conversation. Une jeune femme, debout sur le seuil de la porte, venait d’attirer son regard. Contrairement aux nouvelles débarquées, elle ne portait ni jupe courte ni culotte bouffante. Elle était habillée comme n’importe quelle femme voyageant n’importe où. Ce qui frappait en elle était la bienséance de sa présence ici, l’impression qu’elle y était chez elle. En outre, elle était jeune et jolie. L’éclatante beauté et la fraîche carnation de son visage ovale retinrent l’attention de Kit. Il la regarda longtemps, plus longtemps qu’il ne convenait, au point qu’elle finit par s’irriter de cette insistance. Les yeux aux cils longs et noirs rencontrèrent les siens et l’inspectèrent froidement. Ils s’abaissèrent, évidemment amusés, de son visage à l’énorme revolver pendu sur sa hanche. Puis le calme regard croisa de nouveau le sien, avec une expression d’intérêt dédaigneux comme un soufflet. Elle se tourna vers son voisin et appela son attention sur Kit, qu’il examina avec le même air de dédain amusé.

« Chéchaquo ! » dit la jeune femme.

L’homme qui, avec sa combinaison à bon marché et son paletot de laine usé, ressemblait à un vagabond, fit une sèche grimace, et Kit se sentit déprécié sans savoir pourquoi. Il décida néanmoins, au moment où le couple s’en allait, que la jeune personne était extrêmement gentille. Il remarqua sa démarche, et se jura qu’il la reconnaîtrait à mille ans d’intervalle.

« Avez-vous vu l’individu qui accompagnait cette jeune fille ? lui demanda son voisin d’un air désintéressé. Savez-vous qui c’est ? »

Kit fit non de la tête.

« C’est Charley-le-Caribou. On vient de me l’indiquer. Il est tombé sur une grosse veine dans le Klon-