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BELLIOU-LA-FUMÉE

ment des bretelles, il s’en fabriqua une et s’en servit avec grand profit. Il prit même l’habitude d’accrocher au sommet de sa charge quelque ustensile léger et encombrant, si bien qu’au bout de peu de temps, outre les cent livres ordinaires, il en équilibrait quinze ou vingt de supplément, oscillant sur le paquetage ou lui ballant sur le cou ; d’une main il portait une hache ou une paire d’avirons, de l’autre les pièces de batterie de cuisine emboîtées les unes dans les autres.

Mais plus ils peinaient à la tâche, plus elle augmentait. La piste devenait plus rude, les fardeaux plus lourds, et chaque jour ils voyaient la ligne des neiges descendre sur la montagne. Aucune nouvelle n’arrivait des cousins partis en avant-garde : ils devaient être occupés à abattre des arbres et à les débiter en planches pour faire leur bateau. Jean Belliou s’inquiétait.

Le prix du portage avait bondi à soixante cents. Il réussit à capturer une équipe d’Indiens qui revenaient du lac Linderman et les persuada de se charger du paquetage. Ils exigèrent trente cents par livre pour les porter au faîte du Chilcoot, ce qui mit l’oncle presque à sec. Malgré ce sacrifice, quelque quatre cents livres de vêtements et de campement demeuraient en détresse. L’oncle resta en arrière pour les déménager, et Kit fut dépêché en avant avec les Indiens. Arrivé au sommet, il devait s’y attarder et charrier lentement sa propre tonne de bagage, en attendant les quatre cents livres avec lesquelles l’oncle se faisait fort de le rattraper.