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BELLIOU-LA-FUMÉE

tillon de ce qui nous attend. Ils peuvent sûrement verser de la manne, mais ils ne savent rien faire ni sortir du lit le matin. Nous devrions avoir chargé et être en route depuis une heure. Vous et moi, nous nous envoyons la grosse besogne. Vous allez bientôt les entendre hurler pour qu’on leur apporte leur café, au lit, naturellement. Des hommes de cet âge ! Qu’y entendez-vous en fait de navigation ? Moi je sais m’y prendre comme vacher et chercheur d’or, mais sur l’eau je suis sûrement un pied-tendre, et eux n’y connaissent rien.

— Moi, répondit Kit en se blottissant sous la bâche pour s’abriter contre un tourbillon de neige plus violent, je n’ai pas mis le pied sur un petit bateau depuis mon enfance. Mais je pense que cela s’apprend. »

Un coin de la bâche se détacha, et le Courtaud reçut un paquet de neige dans le dos, entre le cou et la chemise.

« Oh ! nous pouvons apprendre, bien sûr, murmura-t-il rageusement ; mais nous pouvons aussi parier des dollars contre des pets de nonne que nous ne partirons même pas aujourd’hui. »

Il était huit heures quand l’appel au café sortit de la tente, et près de neuf heures lorsque les deux patrons en émergèrent à leur tour.

« Voyons, dit Sprague, un jeune homme de vingt-cinq ans, avec des joues roses et l’air de quelqu’un qui se nourrit bien, il serait temps de partir, le Courtaud. Vous et… (Il regarda Kit d’un air interrogateur.) Je n’ai pas très bien saisi votre nom hier soir.

— La Fumée.

— Eh bien, le Courtaud, et vous, monsieur La Fumée, vous feriez bien de vous mettre à charger le bateau.