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BELLIOU-LA-FUMÉE

Sprague et Stine survinrent au milieu de cette agréable occupation.

« Comment se fait-il que nous soyons en retard ? déplora Strague. Nous ne partirons donc jamais ? »

Le Courtaud plongea la cuillère à son tour, puis la passa à Kit. Ni l’un ni l’autre ne parla avant que le pot fût vide et le fond bien gratté.

« Naturellement, nous n’avons rien fait du tout, dit le Courtaud en s’essuyant la bouche d’un revers de main. Et, bien entendu, vous n’avez rien eu à manger. Pour sûr, c’est un oubli de ma part.

— Si, si, répondit vivement Stine. Nous avons déjeuné dans une des tentes, chez des amis.

— Je m’en doutais un peu, grogna le Courtaud.

— Maintenant que vous avez fini, partons, pressa Sprague.

— Voilà le canot, dit le Courtaud. Il est chargé, pour sûr. Maintenant, comment allez-vous bien pouvoir vous y prendre pour partir ?

— En montant à bord et en poussant. Venez. »

Ils marchèrent dans l’eau, et les patrons embarquèrent tandis que les hommes s’arc-boutaient contre l’esquif. Ils l’escaladèrent au moment où les vagues affleuraient le sommet de leurs bottes. Mais les deux autres n’étaient pas prêts avec les avirons, et la barque recula et toucha terre. Six fois la manœuvre fut renouvelée en pure perte d’énergie.

Le Courtaud, assis d’un air désolé sur le plat-bord du canot, prit une chique et sembla interroger les cieux, tandis que Kit écopait l’embarcation et que les patrons échangeaient des remarques aigres-douces.

« Si vous voulez écouter mes ordres, je vais le faire démarrer », déclara finalement Sprague.

Il fournit son effort avec de bonnes intentions, mais