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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/56

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BELLIOU-LA-FUMÉE

II

Le lendemain, la tempête persistait. Le lac Linderman n’était qu’une profonde et étroite gorge remplie d’eau. Le vent, qui se déversait de la montagne dans cet entonnoir, soufflait irrégulièrement, tantôt rugissant en salves d’artillerie, d’autres fois s’apaisant en une forte brise.

« Si vous me laissez essayer, je crois pouvoir le faire démarrer, proposa Kit quand tout fut prêt pour le départ.

— Qu’est-ce que vous y entendez, vous ? aboya Stine.

— Oh ! rien », répondit Kit en se rasseyant.

C’était la première fois de sa vie qu’il accomplissait un travail salarié, mais il en apprenait rapidement la discipline. Docile et de bonne humeur, il se joignit aux efforts aussi variés que vains tentés pour décoller la barque de la rive.

« Comment vous y prendriez-vous pour le mettre à flot ? » finit par lui demander Sprague, à moitié haletant et à moitié geignant.

« Il faudrait nous asseoir et bien nous reposer, jusqu’à ce qu’il survienne une accalmie, puis réunir tout ce que nous avons de forces. »

Si simple que fût cette idée, il était le premier à l’avoir conçue ; sitôt mise en pratique, elle réussit du premier coup. Puis une couverture fut hissée au mât, et ils filèrent bon train vers le débouché du lac.

Immédiatement Stine et Sprague recouvrèrent leur