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BELLIOU-LA-FUMÉE

« Le Courtaud, dit-il un jour pendant le retard habituel antérieur au départ, j’ai presque envie de leur flanquer un coup d’aviron sur la tête et de les laisser se débrouiller.

— Moi de même », répondit l’autre.

III

Ils arrivèrent aux rapides : il y avait d’abord le cañon de la Boîte, puis, à plusieurs kilomètres en aval, le Cheval blanc. Le cañon de la Boîte portait bien son nom : c’était une boîte, une trappe ; une fois qu’on était dedans, le seul moyen d’en sortir était de passer à travers.

De chaque côté se dressaient des murs de rochers perpendiculaires. Le fleuve se rétrécissait en un couloir obscur, où l’eau se précipitait en rugissant à travers ce sombre défilé, avec un tel emballement que son milieu surgissait en dos d’âne, à deux mètres cinquante plus haut que ses bords au ras des rochers. Cette croupe à son tour portait une crête rigide de vagues dressées en volutes, dont chacune cependant se maintenait invariablement à la même place. Le défilé était à bon droit redouté des chercheurs d’or, sur lesquels il prélevait un mortel tribut.

S’étant amarrés à la rive en amont, où une vingtaine d’autres barques attendaient leur tour de risque, Kit et ses compagnons allèrent à pied explorer le rapide. Ils grimpèrent jusqu’au bord de la falaise, et leurs regards plongèrent dans le tourbillon. Sprague se recula en frissonnant.