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BELLIOU-LA-FUMÉE

femme. Si vous vous en tirez sans accident, voudriez-vous aussi faire passer mon bateau ? »

Kit regarda le Courtaud, qui hésitait à répondre.

« Il a sa femme avec lui, souffla Kit, qui savait par où prendre son homme.

— Pour sûr ! affirma le Courtaud. C’est justement à quoi j’étais en train de penser. Il me semblait bien qu’il y avait une raison qui me poussait à accepter. »

Ils se disposèrent de nouveau à partir, mais Sprague et Stine ne bronchèrent pas.

« Bonne chance, la Fumée, cria Sprague. Je vais… euh !… Il hésita. Je vais simplement rester là à vous regarder faire.

— Il faudrait trois hommes dans le bateau, deux aux avirons et un au gouvernail », déclara tranquillement Kit.

Sprague se retourna vers Stine.

« Le diable m’emporte si je bouge ! fit ce dernier. Si vous n’avez pas peur de rester à regarder, moi non plus.

— Qui parle d’avoir peur ? » demanda Sprague en s’échauffant.

Stine riposta sur le même ton, et leurs deux hommes les quittèrent en pleine altercation.

« Nous pouvons nous passer d’eux, dit Kit au Courtaud. Vous vous mettrez à l’avant avec une godille et je me chargerai du gouvernail. Tout ce que vous aurez à faire sera de guider le bateau en droite ligne. Une fois en route, vous ne pourrez plus m’entendre, vous ne vous occuperez que de le maintenir tout droit. »

Ils démarrèrent le canot et l’amenèrent au milieu du courant qui s’accélérait. Un rugissement sans cesse grandissant venait du cañon. Le fleuve, aspiré à l’en-