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BELLIOU-LA-FUMÉE

peux faire mieux, laisse-moi passer devant et régler l’allure. »

La Fumée pressa le pas et eut bientôt rattrapé la bande la plus voisine.

« Un coup de collier, la Fumée, exhorta l’autre. Passe par-dessus ces cadavres ambulants. Ceci n’est pas un enterrement ordinaire. Arpente la neige comme si tu allais quelque part. »

La Fumée compta dans cette bande huit hommes et deux femmes, et ils en dépassèrent une autre de vingt personnes avant d’avoir traversé la glace tassée. À quelques pas de la rive Ouest, le sentier tournait au Sud et se prolongeait sur de la glace unie, mais recouverte de cinquante à soixante centimètres de neige. Sur cette marge courait la piste à traîneaux, ruban de neige durcie de soixante-cinq centimètres de large à peine. De chaque côté on enfonçait au moins jusqu’aux genoux. Les gens qu’ils rattrapaient n’étaient guère disposés à leur céder le pas, et plus d’une fois la Fumée et le Courtaud durent faire le plongeon, patauger de toutes leurs forces pour les dépasser.

À ceux qui manifestaient leur ressentiment d’être dépassés, le Courtaud répondait sur le même ton.

« Pourquoi êtes-vous si pressés ? demanda l’un d’eux.

— Et vous ? répondit-il. Une ruée est partie de la rivière Indienne hier après-midi et vous a coupé l’herbe sous le pied. Il ne reste plus de lots.

— S’il en est ainsi, raison de plus, pourquoi êtes-vous si pressé ?

— Qui ? Moi ? Je ne suis pas un chercheur d’or. Je suis un fonctionnaire en mission. Je vais faire le recensement à la rivière de la Squaw. »

À un autre, qui l’avait accueilli par cette apostro-