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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/128

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« Moi qui vous parle, j’ai donné en plein dans le panneau. Quand j’ai accepté d’être capitaine à bord de l’Arla, je croyais dur comme fer que mon prédécesseur était mort de la dysenterie. Je n’ai connu la vérité qu’après avoir signé. Il était trop tard !

— On ne peut pas toujours, commenta le second, parler de noyades accidentelles. Ça ne prendrait plus. Alors on varie. »

Le capitaine Hansen reprit son antienne :

« Il serait plus simple de reconnaître aux blancs le droit de défendre leur vie. Mais je vous l’ai dit, quand l’affaire est portée à Tulagi, ils ont toujours tort.

« Voyez le cas de la Princess. Il est typique. La goélette, outre un équipage de quinze matelots de couleur, de l’archipel de Samoa et des îles Tonga, avait à bord cinq blancs : le capitaine, le second, le maître d’équipage, le subrécargue et un agent du Gouvernement.

« Le capitaine, l’agent et le subrécargue, s’étant fait conduire à terre, à Ysabel, sans avoir pris leurs sûretés, y furent incontinent massacrés. Puis la goélette fut prise d’assaut par une nuée de têtes crépues, arrivées dans leurs pirogues.

« Le maître d’équipage et les quinze matelots furent tués en un clin d’œil, Seul le second, s’étant saisi de trois ceintures de cartouches et de deux Winchesters, put s’élancer à temps dans la mâture.

« Et, de là, il déchargea sans arrêt, sur les envahisseurs, ses deux fusils. Quand l’un d’eux lui brûlait les mains, il se servait de l’autre.