Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toutes les têtes crépues qui étaient encore sur le pont firent de même, culbutant par-dessus les fils de fer barbelés, bientôt teintés de sang.

Bertie Arkwright était sidéré d’horreur. Et le second, sans qu’on le vit, ayant fait exploser dans le vide, à l’arrière du navire ; un vrai boudin de dynamite, Bertie ne douta pas que le nègre affublé de la bouteille de chlorodine n’eût été, au moment même où il touchait l’eau, pulvérisé. Devant n’importe quel tribunal, il en aurait juré !

Le plus fâcheux est que les vingt-cinq recrues avaient, par la même occasion, sauté par-dessus bord et s’étaient vraisemblablement réfugiées dans la brousse, avec leurs acomptes reçus. Allez donc leur courir après !

Le capitaine Hansen et son second en étaient inconsolables. Ils se lamentaient à fendre l’âme. : Que dirait de cette perte le capitaine Malou ?

Tellement qu’ils entreprirent de noyer leur chagrin dans des flots de whisky.

Il n’y avait, dans les bouteilles qu’ils vidaient, que du thé froid. Ce qu’ignorait Bertie Arkwright, abasourdi de la quantité d’alcool vraiment phénoménale qu’ils pouvaient ingurgiter.

Plus ils buvaient, plus les deux hommes, naturellement, étaient ivres, et ils discutaient passionnément entre eux pour décider si le nègre qui avait fait explosion serait consigné, dans le Journal du bord, comme victime de la dysenterie ou comme un cas de noyade accidentelle.

Finalement, ils s’endormirent et se mirent à ronfler. Bertie Arkwright comprit que la garde de