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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/143

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le genièvre, en étouffant et en toussant. Sous la morsure de l’alcool dans son gosier, des larmes lui ruisselaient des yeux.

Harriwell lui tâta le pouls et prit sa température, en hochant la tête. Pouls et température montaient, en effet, sous l’influence du genièvre que Bertie buvait sans arrêt.

Le pauvre bougre ne pensait pas à cette explication, si simple cependant, et lui-même, en se cachant, se tâtait le pouls sous la table.

La tête commençait à lui tourner sérieusement

et il entendit, comme dans un rêve, Harriwell et Brown discuter encore sur le point de savoir si la fameuse omelette était vraiment empoisonnée.

« Après tout, nous n’en savons rien ! criait Harriwell,

— Si le cuisinier n’était pas mort, ripostait Brown, de gré ou de force on en eût fait sur lui l’expérience. Mais ces sacrées fièvres vous suppriment un homme en un clin d’œil. »

Mac Tavish entra en trombe.

« Hé, là ! vous autres, lança-t-il, prenez garde à vous ! Les noirs ont cerné la maison. Ils sont tous armés des Sniders volés et tentent de s’infiltrer dans la cuisine.

« Venez avec moi, Mr Brown, et tirons les premiers ! Il vaut toujours mieux commencer, les hostilités.

« Prenons aussi quelques boudins de dynamite et allumons chacun un cigare. »

Les deux hommes sortirent, tandis que Mr Harriwell reprenait tranquillement son repas inter-