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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/19

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Leur épuisement transparaissait dans chacun de leurs mouvements.

Le cuisinier et le steward s’étaient joints à l’équipage, l’oreille tendue,

Lorsque, du haut de la dunette, le capitaine Davenport eut expliqué la situation et annoncé sa décision de mettre le cap sur Mangareva, une clameur s’éleva, faite de cris gutturaux, inarticulés, de paroles irritées et de blasphèmes. Une voix aiguë domina un instant de tumulte et cria :

« Sacrédié ! Voilà quinze jours que nous brûlons, vivants, sur ce damné fourneau !

« Et le capitaine prétend se remettre en route, quand la terre est là, devant nous, regardez ! »

Tous les yeux se tournèrent, avides, vers pics verdoyants de Pitcairn.

« Vous le voyez par vous-même, dit à Mac Coy le capitaine Davenport. Ils ne veulent pas aller plus loin. Ils en ont assez, de naviguer sur leur cercueil ardent.

« Je vais jeter le navire à la côte et il s’y brisera, voilà tout ! » |

Suave comme un souffle de printemps, s’éleva, à son tour, la voix de Mac Coy.

« Un peu de courage, mes amis, disait la voix. Soyez raisonnables. C’est moi qui ai conseillé à votre capitaine de gagner Mangareva.

« Avec le vent propice, qui soufflera d’ici l’aurore, vous y serez rapidement portés. Vous arriverez au port dans les vingt-quatre heures.

« Je vous parle pour votre bien à tous. »

Les grognements, les jurons et les blasphèmes