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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/215

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vit une troisième goélette s’approcher de l’île, jeter l’ancre en deçà des coraux et mettre à l’eau un de ses canots.

Celle-là encore, il la connaissait. C’était le Hiram, nom adéquat à la nationalité de son propriétaire qui était Lévy, un juif allemand, le plus grand fureteur de perles de ces parages[1].

C’était le dieu tahitien des pêcheurs et des voleurs.

« Savez-vous la nouvelle ? interrogea le manchot, dès que Lévy, un gros homme aux traits épais et asymétriques, eut débarqué.

« Mapouhi a trouvé une perle… Oh ! Une perle… Jamais sa pareille n’a été pêchée à Hikouérou, ni dans les Touamolou, ni nulle part dans le monde.

« Mapouhi est un naïf. Il l’a vendue, tout a l’heure, à Toriki, pour quatorze cents dollars du Chili. J’écoutais, du dehors, et j’ai entendu.

« Toriki, lui non plus, n’y connaît rien. Vous ferez une bonne affaire en la lui rachetant, car elle vaut certainement beaucoup plus, et n’oubliez pas que vous tenez de moi le renseignement.

— Où est Toriki, à cette heure ?

— Chez le capitaine Lynch, en train de boire l’absinthe en sa compagnie. Avez-vous, sur vous, un peu de tabac ? »

Tournant le dos au manchot, Lévy s’en fut dare-dare à l’adresse indiquée.

Hourou-Hourou, qui l’avait suivi en se dissimulant dans les buissons, colla son oreille à la cloison

  1. Hiram est le nom de l’architecte phénicien qui dirigea, dit-on, les travaux du temple de Jérusalem.