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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/221

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Raoul et du capitaine Lynch, qui en eurent les jambes toutes mouillées.

Un profond gémissement s’éleva des poitrines des femmes. Les enfants, les mains jointes, pleuraient lamentablement.

D’un commun accord, chats et volailles, barbotant dans l’eau bourbeuse, se réfugièrent, à l’aide de leurs griffes et de leurs ailes, sur le toit de la maison du capitaine. Un homme, qui portait une nichée de petits chiens dans un panier, escalada un cocotier et y attacha le panier sept mètres au-dessus du sol, tandis qu’en dessous, dans l’eau où elle se démenait, la mère chienne jappait et geignait.

Maintenant, les montagnes vertes déferlaient sans répit.

Le capitaine Lynch, levant les bras au ciel devant le déluge, alla chercher dans sa maison un rouleau de corde, qu’il coupa en morceaux, longs de quelques mètres.

Il en donna un à Raoul, en garda pour lui un second et distribua les autres aux femmes, en leur conseillant de choisir des arbres au plus vite, pour y grimper et s’y attacher.

« L’enfer va se déchaîner ! » dit-il.

La seconde d’après, la maison frémit et vibra, les fenêtres battirent et leurs vitres volèrent en éclats. Un violent courant d’air fit vaciller les deux hommes et faillit les renverser.

Les portes craquèrent, brisant leurs serrures et leurs boutons de porcelaine, qui tombèrent en miettes sur le plancher.