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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/226

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À sept heures du soir, la fureur de l’ouragan atteignit son apogée et le désastre s’aggrava. Les arbres se brisèrent.

Oh ! ce vent ! Jamais Raoul n’avait imaginé que rien de semblable pût exister.

Ce n’était plus de l’air en mouvement, mais un mur solide et hurlant, qui avait la consistance de la matière. Il lui semblait qu’il pourrait, s’il l’eût voulu, le saisir à pleines mains et s’y accrocher, comme à un pan de falaise.

Sous cette pression fantastique, l’arbre où gîtait Raoul avait cessé d’osciller. Il ne se redressait plus après avoir plié, et demeurait courbé vers le sol, avec une écœurante vibration comparable à celle des branches d’acier d’un diapason.

L’arbre, c’était évident, ne tiendrait pas longtemps dans cette position.

Les racines céderaient, ou il se briserait d’une minute à l’autre, comme ceux qui l’environnaient et qui cassaient de toutes parts, dans le brouhaha des sanglots humains et des éléments déchaînés.

Ainsi advint-il du cocotier qui portait le capitaine Lynch.

La partie supérieure de l’arbre se sépara du tronc et, au lieu de choir, elle s’envola, emportant avec elle, comme un aéronef, le vieux capitaine et les deux matelots de l’Aoraï.

Elle survola le lagon pendant une centaine de