Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un cocotier sur cinquante avait résisté. Tristes épaves où pas un seul fruit n’était plus suspendu.

L’eau potable manquait. Les puits, à fleur de terre, qui recueillaient en temps ordinaire les infiltrations d’eau pluviale, étaient remplis de sel.

Les quelques sacs de farine, que l’on retrouva, çà et là, étaient à l’état d’éponges et complètement gâtés.

Alors les survivants coupèrent les cœurs des cocotiers abattus et les mangèrent.

Le missionnaire mormon improvisa un alambic rudimentaire. Mais l’appareil ne pouvait distiller de l’eau pour trois cents personnes.

Le second jour, Raoul, qui souffrait cruellement de la soif, imagina de se baigner dans le lagon et il en éprouva une grande fraîcheur intérieure.

À tous, il cria la nouvelle et bientôt hommes, femmes et enfants l’imitaient, plongés dans l’eau jusqu’au cou et essayant de boire par les pores de leur peau.

Le troisième jour, les morts qui flottaient encore furent tirés à terre et ensevelis avec ceux qui gisaient sur la grève.

Entre-temps, des abris provisoires avaient été construits à l’aide des débris de matériaux que l’on avait pu réunir.

Des secours, envoyés de Tahiti, ne pouvaient d’ailleurs manquer d’arriver d’un moment à l’autre.

La mère de Mapouhi qui, dans la catastrophe,