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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/260

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« Tous, allez-vous-en ! beugla-t-il. Un seul blanc, sans armes, vous tenir en échec. Quand l’histoire en sera connue, on en rira sur toute la côte. »

Les noirs s’écartèrent et John Starhurst clama :

« De toi aussi, à Bouli, je saurai bien venir à bout. Car mes armes sont la vérité et la justice. Aucun être humain ne leur saurait résister.

— Viens donc à moi ! répondit le Bouli. Je n’ai pour arme qu’une pauvre massue et tu n’as, en ce cas, rien à craindre. »

John Starhurst avança d’un pas en essuyant ses lunettes, qu’ensuite il remit bien en place, et les deux hommes se trouvèrent seuls, face à face.

« Allons, tue-moi, si tu le peux. », défia le roi nègre, en s’appuyant sur sa lourde et noueuse massue de guerre, qu’on lui avait apportée.

John Starhurst recommença à discuter et reprit son argument favori :

« Dis-moi d’abord, si c’est toi qui me tues, ce que tu gagneras à ma mort.

— Ma massue répondra pour moi ! » répliqua le Bouli.

John Starhurst, appelant à lui toute sa rhétorique, entassa raisonnements sur raisonnements.

Mais la réponse était toujours identique.

En même temps, le Bouli surveillait soigneusement les mouvements du missionnaire, afin que celui-ci ne se glissât point, de nouveau, sous la massue soulevée.

Seulement alors, John Starhurst comprit que sa fin était proche.

Il n’essaya plus de ruser et, tête nue, se dres-