Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/58

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à trente minutes, amoncelaient dans le ciel bleu des paquets de nuages et se terminaient infailliblement par une pluie diluvienne.

Puis le soleil de plomb reparaissait, terrible et faisant monter du pont inondé, chargé de morts et de mourants, une lourde vapeur.

Ladite vapeur était chargée de germes pestilentiels et, dès qu’elle s’élevait, l’Allemand, les deux Américains et moi, nous nous enfilions un verre de whisky, puis un second, puis un troisième.

Et, quand on hissait les morts par-dessus bord, pour les jeter aux requins qui pullulaient autour de nous, quelques verres supplémentaires étaient de rigueur.

Il en fut ainsi pendant huit jours. Puis le whisky vint à manquer.

Ce fut, en fait, une excellente chose. Car ce n’était pas une vie d’être toujours saoul et, si j’eusse été en un pareil état d’ébriété, je ne me fusse certainement pas tiré de la catastrophe qui allait suivre.

Vers la fin donc de la semaine, et le dernier verre de whisky vidé, je jetai par hasard un coup d’œil sur le baromètre, suspendu dans l’escalier intérieur qui conduisait aux cabines.

Il vacillait fortement depuis huit jours, l’aiguille sautant de droite à gauche et de gauche à droite, pour reprendre finalement sa position verticale du « temps variable ».