Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trois noirs qui furent ou noyés, ou happés par deux autres requins.

Accompagné du dernier nègre, je nageai silencieusement vers la goélette. De temps à autre, nous plongions notre figure dans la mer afin de découvrir si d’autres monstres ne survenaient pas.

J’en vis un, en effet, qui passait justement sous moi. Il pouvait bien mesurer cinq mètres de long. L’instant d’après, il avait saisi le noir par la taille. Je vis celui-ci, hurlant à fendre l’âme, se débattre, la tête, les épaules et les bras hors de l’eau. Puis, après avoir été traîné à la surface sur une distance d’une centaine de mètres couler à pic.

Je continuai à nager résolument, espérant que toute la bande était maintenant gavée.

Mais un dernier convive restait encore, que je découvris dans l’eau glauque, où il montait tranquillement vers moi. Peut-être, déjà, avait-il fait un autre bon repas, car il ne semblait pas autrement affamé.

Dès qu’il fut à portée, je lui lançai mon poing sur le nez. Il exécuta un soubresaut formidable, qui faillit me submerger dans ses remous

Mais la bête, surprise, faisant demi-tour, s’était éloignée quelque peu et, défiante, se contentait de décrire autour de moi des cercles concentriques, empreints d’une certaine mollesse.

— Puis, soudain, elle esquissa contre moi une seconde attaque.

— Je lançai de nouveau mon poing, qui manqua son but. Et mon bras, glissant le long du mufle de la