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Page:London - En pays lointain.djvu/200

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MÉPRIS DE FEMMES

— N’était-ce pas abominable de s’interposer ainsi entre des fiancés ? Certes, il en convint.

« Songez donc, Charley : ce n’est qu’une enfant, reprit-elle. J’en suis sûre. Elle arrive dans un pays étranger, sans une amie pour l’accueillir. Aidons-la, voulez-vous ? »…

Sitka Charley promit son concours et, en s’éloignant, il s’indigna de la scélératesse de Loraine Lisyani, tout en admirant fort les beaux sentiments de Mrs Eppingwell et de Freda, ces deux nobles cœurs qui s’intéressaient généreusement au sort d’une inconnue.

L’âme de Mrs Eppingwell était la limpidité même. Quand jadis Sitka Charley la conduisait à travers les collines du Silence, il avait parfaitement bien jugé cette femme au regard loyal, à la voix nette, à la franchise absolue et dont les lèvres avaient une façon bien spéciale pour intimer définitivement un ordre. Elle allait toujours droit au but. Ayant jaugé Floyd Vanderlip comme il convenait, elle estima inutile de le sermonner, mais elle n’hésita pas à descendre à la ville pour aller voir en plein jour Freda la danseuse.

Aussi bien que son mari, elle était au-dessus des commérages. Décidée à rencontrer Freda, rien ne pouvait la détourner de sa démarche.

Par un froid de soixante degrés, debout dans la neige, elle dut parlementer durant cinq longues minutes avec une camériste. On ne la reçut pas ; et sous cet affront, elle remonta la colline, le cœur