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MÉPRIS DE FEMMES

ulcéré du traitement qu’on venait de lui infliger.

« Qu’était-ce donc, après tout, que cette femme pour refuser de la recevoir ? se demandait-elle. N’était-ce pas plutôt elle, femme d’un capitaine, qui pouvait éconduire une danseuse ? »

Si Freda était venue la voir pour un motif quelconque, ne l’aurait-elle pas fait asseoir à son foyer ? ne l’aurait-elle pas invitée à s’expliquer en toute franchise, la mettant à l’aise tout simplement ?

Faisant fi des conventions, Mrs  Eppingwell n’avait pas hésité à faire une démarche quasi humiliante. Elle n’avait pas craint de s’exposer au jugement sévère des dames de la ville. À présent, l’affront reçu lui crispait de cœur, et elle éprouvait à l’égard de Freda le plus vif des ressentiments.

Et pourtant la conduite de Freda n’aurait pas dû susciter une telle colère. Nous allons essayer de montrer les choses sous leur véritable jour.

C’était bien avec un sentiment de condescendance que Mrs  Eppingwell se rendit chez Freda, une déclassée en somme ; et, en se dérobant, Freda n’avait fait rien d’autre qu’obéir aux préjugés les plus impératifs de la société. Tout au fond d’elle-même, elle eût adoré le caractère de Mrs  Eppingwell. Le fait de recevoir celle-ci dans son intimité, même quelques brefs instants, l’eût transportée de joie ; mais il ne convenait pas qu’une honnête femme vînt se commettre chez une danseuse. C’est ce que Freda voulut éviter par excès même de respect envers l’honnête femme. Ce refus de le recevoir, dû à un amour-propre