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Page:London - En pays lointain.djvu/202

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MÉPRIS DE FEMMES

exagéré, était également motivé par une autre cause.

Elle était encore toute suffoquée par la récente irruption que Mrs Mac Fee, la femme du pasteur, avait faite chez elle, avec des airs de virago, une pluie de soufre, une rafale de pieuses exhortations. Quel pouvait donc bien être le but de la visite de Mrs Eppingwell ?

Freda ne se sentait coupable d’aucun méfait ; la dame qui se morfondait à sa porte se souciait sans doute fort peu du salut de son âme. Alors qu’était-ce donc qui attirait cette dame ?

Bien que ne pouvant se détendre d’une vive curiosité, Freda se raidit dans cet orgueil que témoignent ceux qui en manquent d’ordinaire ; elle demeura dans la pièce la plus reculée de la maison, tremblante comme une vierge sous la première caresse de l’amant.

Si Mrs Eppingwell souffrit en remontant la colline, Freda éprouva aussi une vraie douleur, étendue, muette, le visage dans son oreiller, les yeux secs et la bouche brûlante.

Mrs Eppingwell possédait une grande science du cœur humain. Elle visait à l’universalité. Il lui était facile d’oublier la couche des conventions sociales pour considérer les choses du même œil que les sauvages. Ce qui est primitif, essentiel ; ce qui rapproche le chien-loup de l’homme affamé, ne lui eût pas échappé ; elle eût pu prévoir les actes de l’homme et de la bête placés tous deux dans un ensemble de circonstances semblables. Pour elle, une femme dra-