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Page:London - En pays lointain.djvu/221

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MÉPRIS DE FEMMES

l’époque où elle posait chez les artistes. Bah ! elle maigrirait quand il la tiendrait sur la piste et lui ferait prendre les raquettes pour tasser la neige devant les chiens. Ce procédé ne rate jamais son effet.

Ses pensées le menèrent vers un palace, sous le ciel paresseux de la Méditerranée. Que deviendrait alors son union avec Loraine ? Plus de froid, plus de piste, ni même de famine pour rompre la monotonie des jours. Elle vieillirait et, à chaque réveil, les ravages du temps marqueraient leur œuvre. Tandis que Freda… Il poussa un vague soupir de regret de n’être point né sous l’étendard du Prophète ; puis ses pensées revinrent en Alaska.

— Eh bien ?

Les aiguilles de la pendule marquaient minuit moins le quart. Il était grand temps pour lui de descendre vers le trou d’eau.

— Oh ! s’écria Freda, comme sortant d’un rêve.

Son mouvement de surprise parut si spontané que l’autre s’y laissa prendre. Quand un homme s’aperçoit qu’une femme, en le regardant d’un air pensif, s’est oubliée à méditer sur son compte, il lui faut un sang-froid peu commun pour se résoudre à orienter ses voiles et à prendre le large.

— Je me demandais pourquoi vous désiriez me parler, expliqua-t-il, en rapprochant son siège de la table.

— Floyd, dit-elle, en l’enveloppant d’un beau regard, je ne peux plus me souffrir ici ; je veux