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Page:London - En pays lointain.djvu/27

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EN PAYS LOINTAIN

lui-même, en découvrant que la piste n’avait existé que dans son imagination.

Tard dans la nuit, il regagna la cabane en se traînant sur les mains et sur les genoux, les joues gelées et ressentant dans les pieds un étrange engourdissement.

Weatherbee ricana méchamment et ne s’offrit même pas à le secourir. L’autre piqua une aiguille dans ses orteils sans éprouver la moindre sensation, puis il les dégela près du feu. Une semaine après, la gangrène s’y était mise.

Mais le scribe avait aussi ses misères. À présent, les morts désertaient plus souvent leurs tombeaux et ne le laissaient plus en paix, même durant son sommeil. Il en était arrivé à attendre avec frayeur leur apparition, et chaque fois qu’il passait près des deux tertres, il était secoué de frissons.

Une nuit, pendant qu’il dormait, ils l’emmenèrent avec eux pour une certaine tâche. Plein d’une horreur indicible, il se réveilla entre les deux tas de pierres et se sauva comme un fou vers la cabane, mais il avait dû rester dehors un certain temps, car il rentra aussi avec les joues et les pieds gelés.

Parfois, pris d’une sorte de frénésie causée par leur présence obstinée, il bondissait autour de la hutte, massacrant l’air à coups de hache, et détruisant tout ce qui se trouvait à sa portée. Pendant ces combats avec les fantômes, Cuthfert se blottissait dans ses couvertures et suivait tous les mouvements du fou, prêt à l’abattre s’il s’approchait trop.