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Page:London - En pays lointain.djvu/34

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EN PAYS LOINTAIN

Il ne pouvait plus remuer la partie inférieure de son corps. Le poids inerte de Weatherbee l’écrasait et le clouait sur place, comme un loup pris au piège.

Une odeur familière remplissait la cabane ; il se rendit compte que le pain était en train de brûler ; mais que lui importait ? il n’en aurait plus jamais besoin. Et il restait également ces six tasses de sucre dans la cache. S’il avait pu prévoir, il n’en eût pas été si avare les derniers jours. La girouette tournerait-elle encore ? Elle tournait peut-être en ce moment ? Pourquoi pas ? Ne venait-il pas d’apercevoir le soleil ? Il allait sortir pour s’en assurer. Mais non, il lui était impossible de remuer. Il n’aurait jamais cru que l’employé était si lourd.

Comme la cabane se refroidissait vite ! Le feu devait être éteint, et le froid pénétrait. Il était déjà au-dessous de zéro, et la glace grimpait à l’intérieur de la porte. Il ne la voyait pas, mais grâce à sa longue expérience, il pouvait mesurer les progrès de son invasion par l’abaissement de la température dans la cabane. Le gond inférieur devait être déjà blanc en ce moment.

Est-ce que son histoire parviendrait seulement aux oreilles du monde ? Qu’en penseraient alors ses amis ? Ils la liraient vraisemblablement en buvant leur café, et la commenteraient au club. Il lui semblait les entendre. — « Pauvre vieux Cuthfert », murmuraient-ils, « il n’était pas si mauvais bougre après tout. » Il sourit de leurs appréciations et continua sa route à la recherche d’un bain turc. C’était toujours