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Page:London - En pays lointain.djvu/57

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QUAND UN HOMME SE SOUVIENT

qu’au bout et ne quitte les joueurs qu’après le règlement des comptes.

Fortuné La Perle croyait à la réalité de ces choses, et quand il se retourna vers l’intérieur des terres et fila sur la toundra neigeuse, il ne fut pas surpris de voir l’ombre se préciser et se rapprocher de lui.

Démoralisé par son impuissance, il s’arrêta au milieu d’un vaste espace libre et fit face à l’apparition.

La moufle de sa main droite glissa et son revolver refléta la lueur incertaine des étoiles.

— Ne tire pas ! Je ne suis pas armé !

L’ombre avait pris une forme humaine. Au son de cette voix, La Perle sentit ses genoux trembler et, en même temps, une impression de soulagement dilata sa poitrine.

Peut-être les événements eussent-ils pris une tournure différente si Uri Bram, ce soir-là, avait eu son revolver, lorsque assis sur les bancs grossiers de l’Eldorado, il avait assisté au meurtre. C’est à cela aussi qu’on peut attribuer certain voyage sur la Grande Piste qu’il accomplit ultérieurement en compagnie d’un individu à la mine rébarbative. En tout cas, il répéta :

— Ne tire pas. Tu vois bien que je n’ai pas de revolver.

— Alors, par le feu de l’enfer ! pourquoi me cours-tu après ? s’écria le joueur, abaissant son arme.

Uri Bram haussa les épaules.

— Cela n’a pas d’importance. Je voudrais que tu m’accompagnes.