Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/35

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abaissa la tête pour le flairer, oubliant l’épée. Nouvelle estocade d’Ordonez, nouvel insuccès. La scène se répéta plusieurs fois. C’était stupide. John Harned se taisait toujours. À la fin, une estocade trouva le bon endroit et le taureau s’écroula sur le sable, tué instantanément ; les mules furent attachées à son cadavre et l’emportèrent :

— Les Gringos prétendent que c’est un sport cruel et inhumain, n’est-ce pas ? dit Luis Cervallos. On s’amuse à faire souffrir le taureau, n’est-il pas vrai ?

— Non, fit John Harned. Le taureau ne compte pas pour grand-chose en tout cela. Je plains plutôt ceux qui regardent. C’est un spectacle dégradant, qui apprend à se réjouir des souffrances d’un animal. D’ailleurs, ce combat de cinq hommes contre un taureau stupide est lâche et on donne ainsi une leçon de lâcheté aux spectateurs. Le taureau meurt, mais les badauds continuent à vivre et la leçon portera ses fruits. Non, la bravoure ne se nourrit pas de scènes de couardise !